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lundi 1 avril 2024

ManiFAQto présentatoire

D'où vient le nom du blog ? (TL;DR)

Les "cerises" et leur temps viennent de la chanson communarde bien connue, et de l'expression critique anglaise "cherry picking", qui signifie : choisir de ne présenter que des faits qui confortent son opinion.
Les informations "récoltées" ici sont effectivement triées ; néanmoins bien réelles, avec des impacts positifs concrets ou très probables. Le biais négatif des médias (dont je vais parler plus bas (va voir le troisième paragraphe, au moins cet article aussi t'aura peut-être appris des trucs)) n'a généralement pas la politesse d'être aussi honnêtement affiché.
Bref, je ne crois pas faire un déni en valorisant des informations qui se différencient du dooming ordinaire, mais au contraire un effort de perception.


Pourquoi courir après les bonnes nouvelles ?

Pour traiter mon éco-anxiété.
A une époque, je ne pouvais plus suivre aucun média d'information, tellement ils asphyxiaient. de logique pessimiste. Des bouffées d'angoisses à la place d'idées. Pendant un peu plus d'un an, j'ai dû totalement couper les réseaux sociaux, JT, journaux. Après avoir retrouvé mes sens, j'ai cherché à reprendre prise avec l'actualité, sans qu'elle ne parle qu'à ma vulnérabilité.
En tant qu'anxieux maladif, il me faut pas mal de volonté consciente pour distinguer le réel de des émotions qui le déforment, et pour trouver les chemins praticables malgré ces projections. Cette sensibilité m'a permis de comprendre l'effort que j'avais à fournir pour changer ma perception des news. J'avais besoin de boire le verre à moitié plein que si peu prennent le temps de décrire.
C'est toute une bataille pour pas se faire bouffer la tête par un monde vorace... "Gagner du terrain : on lutte pour chaque centimètre" pour citer Tony D'amato  (probablement un gramsciste).

Il reste à choisir un certain rapport au réel. Et le filtrage de ce qu'on considère comme positif aura nécessairement un sens politique.
La plupart des newsletters de bonnes nouvelles que je veille ont une forte tendance à valoriser comme "progrès" des succès industriels et économiques. Il y a du greenwashing, du techno-scientisme béat, et je n'ai pas l'expertise pour comprendre les conséquences de certaines avancées techniques ou politiques. Je récolte et souligne ce qui me semble être des améliorations effectives ou en cours.
Il n'y a pas de solution parfaite - ce n'est pas parce qu'un vaccin ne marche pas 100% du temps qu'il ne vaut pas la peine d'être administré. Il y a des solutions imparfaites, et des mauvaises solutions. Je m'intéresse aux premières, j'espère savoir reconnaitre les secondes.

Pour conclure sur la question du cherrypicking,  90% du temps, je vais effectivement exclure des citations ce que les articles disent de plus terre à terre.
C'est une limite - temporaire - à l'intelligence.
Assumée.
Si j'en suis à faire ces récoltes et ce tri, c'est que la peur de voir le monde s'auto-détruire a beaucoup plus entravé ma capacité de réflexion que la valorisation de progrès même incertains.

Bref... Je ne crois pas bidonner les informations. Je donne seulement un peu plus de chances à leur aspect positif d'exister, au moins le temps de respirer un bon coup. Par ailleurs le lien que je donne sous chaque citation mène aux articles complets ; je ne choisis pas les sources pour qu'elles ne disent que ce que j'aime y lire. Donc selon le temps et les capacités du moments, on peut juste profiter du bout de réel que j'évoque, ou avec le lien remonter à la source pour une vue d'ensemble.


Pourquoi la plupart des médias favorisent-ils les informations anxiogènes ?

Parce qu'une ligne éditoriale anxiogène fait partie de l'économie d'attention des médias (c''est dire que je choisis pas le chemin le plus court vers la gloire ici). Je fabule pas :

"les titres d'actualité contenant un langage négatif sont plus susceptibles d'être achetés ou cliqués que ceux qui contiennent des mots positifs. Plus précisément, pour un titre de longueur moyenne, chaque mot négatif supplémentaire augmente le taux de clics de 2,3 %. En revanche, pour chaque mot positif dans un titre de longueur moyenne, le taux de clics diminue de 1,0 %."


https://www.nature.com/articles/s41562-023-01538-4


Les médias n'ont par ailleurs même pas à forcer beaucoup la perspective comme je le fais parfois ici : du point de vue cognitif, on remarque et retient plus spontanément les informations qui nous effraient que celles qui nous font du bien. Là non plus j'invente pas, c'est le phénomène psychologique nommé "biais de négativité" (lien France Q).
Détecter et prêter attention aux danger est un réflexe vital pour un mammifère. Mais nos cerveaux contemporains sont des chambres d'échos trop efficaces, et dans nos conditions de vie actuelles la puissance de ce système d'alerte finit par cacher le réel qu'on cherchait justement à connaitre.

Choisir de regarder le verre à moitié plein demande donc un effort d'intelligence moins spontané que notre réponse aux informations stressantes. Si rester alerté des difficultés est d'évidence nécessaire pour les traiter, valoriser des infos et faits rassurants ou des initiatives constructives autorise autre chose que la défensive : avancer, soutenir, imaginer un avenir vivable.


Pourquoi un blog, alors que tu pourrais faire ça de ton côté ?

D'autres que moi ont ressenti la saturation du discours médiatique anxiogène, et j'ai envie de solidarité là-dessus. Et puis les faits que je valorise existent un peu plus d'être lus par d'autres, ce qui augmentent le réconfort qu'ils me donnent.

C'est aussi un modeste contre-feu. Au discours médiatique s'ajoute le dooming des réseaux sociaux. Chaque intervenant a la même stratégie que les médias à son échelle, attirer l'attention dans la rage et la commisération. Et puis ça a une cause en commun avec le conspirationnisme : affirmer la connaissance d'une tragédie, c'est un peu s'imaginer un monde plus simple, paradoxalement plus acceptable. C'est un peu ce que je fais mais, comme je le disais, avec beaucoup plus de points d'appuis dans le discours dominant et dans notre cerveau. Le discours pessimiste n'a pas besoin d'être renforcé, il prend déjà toute la place.

Je comprend la diffusion d'infos menaçantes, il faut bien les connaitre pour agir.
Je peux vaguement comprendre le cynisme résigné, façon de ne pas faire face à sa propre impuissance. C'est une fausse lucidité un peu lâche, et parfois ceux qui l'affichent sont moins inertes qu'ils ne le disent.
J'ai plus de mal avec le "on va tous crever, ALEEEERTE". Grimper au rideau social pour signaler l'incendie, ça c'est pas être vigilant, c'est se défouler. Le dooming en réseau est mauvais pour la santé des autres. Ajoutez pas une pollution à celles que vous dénoncez...
On peut faire voir mieux que ça.

Et gais rossignols et merles moqueurs seront tous en fête.

28 bonnes nouvelles - récolte du jeudi 21 novembre 02024

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